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AUTOPSIE

I – Quel est l’intérêt d'une autopsie dans une enquête criminelle ?

 

A) Définition

 

Du grec autos (soi-même) et opsis (vue), l'autopsie est un examen médical des parties internes et externes d'un cadavre. Cet examen est effectué par un médecin spécialiste, anatomopathologiste ou médecin légiste. Celui-ci doit agir le plus rapidement possible après la mort de la personne afin d'éviter toutes détériorations cadavériques. Dans le cadre d'une enquête criminelle, l'autopsie est dîte « médico-légale » et est réalisée par un médecin légiste, celle-ci va principalement servir à déterminer, de façon plus ou moins précise, l'heure et les circonstances de la mort. Cela peut notamment prouver (ou non) l'innocence d'un suspect en fonction de son alibi.

 

B) Déterminer l'heure de la mort

 

La première des étapes lors d'une autopsie consiste en une détermination de la rigidité cadavérique. Il s'agit d'une contraction musculaire qui saisit d'abord la zone cervico-céphalique (nuque et mâchoire) puis les membres inférieurs du cadavre plusieurs heures après la mort. Cette rigidité progressive est due à une détérioration du glycogène présent dans les muscles ce qui se traduit par la présence d'une forte quantité d'acidité et va faire perdre de la souplesse aux tissus. C'est au bout de la troisième heure après la mort qu'il est possible d'observer les premières rigidités et celle-ci vont croître jusqu'à la huitième heure, pour finalement décroître durant seize heures. Un réel compte à rebours est donc lancé dès le décès de la victime ce qui oblige le médecin légiste à intervenir une première fois directement sur la scène de crime afin d'observer ces rigidités.

 

Après la mort, d'autres transformations du corps ont lieux, comme un changement de la couleur de la peau du cadavre, on appelle ces changements, des lividités cadavériques. Lorsqu'une personne décède, son corps est inanimé. Cela va causer une fuite du sang aux niveaux des vaisseaux sanguins puisque ceux-ci ne sont plus alimenter par les pulsations cardiaques. Si la victime est allongée, ces fuites, par l'action de la gravité vont s'accumuler dans les parties du corps les plus proches du sol (nuque, bassins …) et cela va se traduire par des tâches plus ou moins violettes. Il existe deux types de lividités, les lividités mobiles : la couleur n'est pas permanente auquel cas le meurtre a eu lieu il y a moins de quatorze heures ; et les lividités fixes, les plus fréquentes : la couleur est permanente auquel cas le meurtre a eu lieu il y a plus de quatorze heures.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La détermination de la rigidité et de la lividité se fait directement sur la scène de crime et ne permet seulement que de supposer l'heure du décès. C'est pourquoi le cadavre est emmener au laboratoire où le médecin légiste va poursuivre ses analyses.

 

C) Déterminer les circonstances de la mort

 

Le cadavre, une fois déshabillé et nettoyé va être analysé de façon minutieuse au rayons X pour qu'aucun détail ne soit laissé au hasard. Dans une affaire de crime, les traces qui vont être retrouvée sur le corps sont généralement des plaies (causées par une arme blanche (exemple : couteau)), des blessures par balle (causées par une arme à feu (exemple : pistolet)), des hématomes (causés par des coups ou une arme contondante (exemple : bâton)).

Si le corps présente des plaies, il est possible de déterminer l'arme du crime (au cas où celle-ci n'est pas identifiée) en fonction notamment de la profondeur de la blessure qui correspondra à telle ou telle arme (un couteau est moins pénétrant qu'un poignard)

 

Dans le cas où le cadavre comporterait des blessures par balle, il sera également possible de connaître le format de l'arme (pistolet, fusil...) en fonction toujours de la profondeur de l'impact, cependant cette dernière permet également d'avoir une approximation de la distance à laquelle se trouvait le coupable par rapport à sa victime. De plus, la blessure permet également de connaître la trajectoire de la balle en étudiant la direction qu'à prise cette dernière dans le corps, en connaissant cela, on connaît alors (toujours approximativement) la position du tueur.

Enfin, les traces de coups (hématomes) ne permettent seulement que d'estimer la force du coup (en fonction de l'intensité de la couleur de la trace observée) et en déduire si c'est celui-ci qui a été, ou non, fatal.

 

Cependant toutes ses études ne permettent (à ce stade) que d'établir des hypothèses sur le déroulement du crime. Pour pousser ses recherches ou simplement si le crime ne présente aucune trace extérieurs (comme un empoisonnement), le médecin est alors contraint de procéder à une ouverture du cadavre.

 

II – Que fait concrètement le médecin légiste au cadavre qu'il étudie ?

 

A) Les incisions et ouvertures du corps

 

Les principaux organes se trouvant dans le buste du corps, pour les analyser, le médecin légiste va procéder, à l'aide d'un couteau à autopsie à une incision partant du menton ou du bas du cou jusqu'aux organes génitaux. Une telle incision est indispensable afin de travailler dans des conditions optimales et pour avoir accès à toutes les zones du corps. D’ailleurs, une scission des côtes va alors être faite pour laisser apparaître les organes présents sous la cage thoracique. Une fois l'ouverture faîte, il alors possible, pour le médecin, de retirer les organes importants (tels que le cœur ; les poumons ; les intestins ; l'estomac ; le foie ; les reins ; le pancréas ; la rate) et ensuite de les analyser, dans la continuité de son étude extérieure du corps (s'il y a eu meurtre par balle, il va alors essayer de savoir quels organes ont été touchés par exemple).

 

Cependant, dans la grande majorité des affaires, l'étude de ces organes ne suffit pas et le médecin doit étudier le cerveau de la victime celui-ci étant potentiellement révélateur d'anomalie(s) ayant été(s) fatale(s) à la victime (exemple : hémorragie cérébrale). Après incision du cuir chevelu, une autre ouverture est effectuée à l'aide d'une scie électrique à plâtre, cette fois-ci au niveau de la boite crânienne.

 

B) L'extraction et l'étude des organes

 

Une fois extraits et pesés, les organes vont subir un examen en profondeur, c'est-à-dire que malgré les indices que l'aspect extérieur peut lui donner (exemple : couleur ou poids anormaux), le médecin, pour prendre connaissance de tous les paramètres (éventuelle pathologie) va disséquer l'ensemble des organes et les observer de l'intérieur. Cette étape est cruciale car l'étude extérieure et intérieure des organes peut présenter des différences. et en fonction de celles-ci, l'affaire peut alors

 

C) Éléments prélevés

 

Une des dernières étapes de l'autopsie est le prélèvement. En effet le légiste n'a pas un accès illimité au cadavre, il doit donc extraire des éléments, tels que des cheveux, du sang, de l'urine ainsi que de liquide gastrique. Une fois prélevés, ces éléments seront analysés dans un laboratoire spécialisé (généralement toxicologique) et peuvent permettre la découverte d'éléments toxiques (exemple : poison).

 

D) Fin de l'autopsie

 

Une fois ses expertises abouties (une autopsie dure trois heures en moyenne), le médecin légiste est dans l'obligation de remettre les organes à leur place d'origine et de recoudre les incisions pour que le cadavre soir rendu à la famille en bonne est due forme, c'est d'ailleurs pour cela que des prélèvements sont effectués avant la fin de l'autopsie.

 

La dernière des étapes et non des moindres est l'écriture du rapport (et du certificat de décès). Le médecin légiste y note ses observations qui seront, en fonction des indices prélevés soit déterminants (le coupable est démasqué), soit d'une aide plus ou moins grande, soit insignifiant dans l'enquête (on dit que le corps est resté muet).

 

Il est important de noter que la minutie et l'approfondissement sont très importants dans le travail du médecin légiste. En effet, une mauvaise manipulation, l'oubli d'une étape, ou tout simplement un manque d'hygiène ou d'attention peuvent s'avérer extrêmement grave car il font passer l'étude à côté de pistes déterminante dans l'enquête et cela peut aboutir à l'abandon de cette dernière et même incriminer la mauvaise personne.

 

III – Cas particulier

 

Dans le cas où un squelette ou simplement des os humains sont retrouvés, l'autopsie va principalement permettre d'identifier la victime. Le médecin légiste n'est pas spécialisé dans l'étude des os humains c'est pourquoi si celui-ci n'arrive pas à déterminer le sexe de l'individu, ce sera le service anthropologique qui continuera les recherches.

 

A) Détermination du sexe de l'individu

 

La première des informations à connaître est si le cadavre appartenait à un homme ou à une femme. Pour cela, l'anthropologue peut avoir recours à différentes méthodes plus ou moins fiables. La plus communes d'entre elles est d'examiner le crâne de la victime : la partie frontale de la femme est généralement plus bombée, de plus la glabelle (zone entre les sourcils) est plus « gonflée » et bossue chez l'homme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais pour acquérir une quasi-certitude sur le sexe de la victime, il est préférable d'observer les os du bassin car il existe une différence entre celui de l'homme et celui de la femme. En effet, la femme doit posséder des hanches suffisamment larges afin de permettre la naissance d'un enfant et cette caractéristique explique une plus grande ouverture au niveau de la symphyse pubienne (espace à l'avant entre la partie gauche et la partie droite du bassin). De plus, les os du pubis masculin sont plus fins chez l'homme (environ 1,5 cm, c'est 2 cm pour la femme) mais ses ischions (branches osseuses constituants le bas du bassin et reliés par la symphyse pubienne) sont plus larges que chez la femme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

B) Détermination de l'âge de l'individu

 

Afin de connaître l'âge de la personne à laquelle appartenait le squelette, l’anthropologue

continue son étude du bassin en observant une nouvelle fois la symphyse pubienne. Cette fois-ci, l'étude va se focaliser sur le relief osseux que présente les os du pubis à ce niveau là. En effet, des rayures et de légères « entailles » caractérisent ses os et ces premiers vont s'estomper voire disparaître avec le temps. En utilisant un repère sur lequel sont répertoriés plusieurs références d'« état » des os en fonction des âges, on peut être en mesure de déterminer approximativement une âge à l'individu.

 

C) Détermination de la taille de l'individu

 

Cette étape est la moins nécessaire et la plus simple. En effet la taille du corps humain est plus ou moins liée à la taille d'un os long (tibia ou fémur par exemple) : en mesurant la taille d'un fémur et en utilisant un tableau comme-ci dessous, nous pourrons faire un calcul, le résultat obtenu sera une taille approximative en centimètre du corps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par exemple, si le fémur mesure 49 cm : Taille = 49 * 2,85 + 40,66 = 180,31 cm

Cependant, la valeur n'est pas exacte et il existe un intervalle de confiance selon lequel la taille de la victime devrait se trouvée comprise. Pour cela, nous allons additionner et soustraire 4,14 à 180,31. Donc la taille de la victime devrait se trouver entre 176,17 cm et 184,5 cm.

 

D) Détermination de l'origine de l'individu

 

La diversité des climats et des environnements présents sur Terre favorisent une transformation et une adaptation du corps en fonction des milieux (par exemple, la peau noire est liée à une origine africaine car le Soleil y est très fort) et cela est valable pour le squelette et plus précisément, le crâne. Ainsi, on observe une variété de morphologie crânienne en fonction des origines : les asiatiques possèdent des pommettes larges et prononcées mais un os propre (os du nez) très petit ; les africains noirs ont un crâne allongé et évasé ainsi qu'un maxillaire supérieure sortant ; les européens et maghrébins présentent quant à eux une face plate avec un os propre assez grand.

 

E) Détermination du visage de l'individu

 

En effectuant différentes mesures toujours au niveau du crâne (notamment au niveau des orbites) ainsi qu'en prenant en compte les études précédentes, les anthropologues vont (à l'aide d'un logiciel) simuler un visage qui sera représenté conformément aux reliefs et aux formes du crâne de la victime. Évidemment, cet outil ne sera jamais précis, il s'agit d'une simulation ayant pour but de donner un visage à la victime et de permettre une optimisation de l'enquête.

 

F) Détermination de l'âge des os

 

Pour cette étape, il est commun de tremper un morceau d'os dans du bleu de nil. Les os ont la propriété de devenir de plus en plus bleu au contact de ce produit si ceux-ci sont vieux, l'étude de la vieillesse des os se réalise selon des références de couleur en fonction d'un âge. Mais généralement, les os retrouvé deviennent très bleus, les os sont donc trop vieux pour qu'une détermination de leur âge soit faite.

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